« À coeur vaillant, rien d’impossible » – Jacques Coeur

Ils étaient au moins trois. Peut-être cinq en tout. De la route, je me disais qu’ils devaient être à la retraite, que ce n’était pas leur place naturelle. Mais personne n’orait oser, je pense, leur enlever leur sacs à poubelle. Courbés, ils cueillaient, ici et là, les déchets des autres.

Je les trouvais beaux, avec leur cheveux blancs et leur veste orange. Beaux et courageux!

Habtiuellement, le nettoyage des bordures d’autoroute est réservé à des employés des gouvernements. Ou à des prisonniers. Pas à des retraités.

C’était dans le Michigan. Cet état que nous, les camionneurs, sommes toujours heureux d’éviter à cause des routes cahoteuses, reconnues pour être parmi les plus dures pour le dos. Pires que celles du Québec, selon moi.

Ce souvenir de ces retraités m’est revenu à l’esprit cet après-midi, en regardant le bord d’une route. Maintenant que j’y repense, je me dis que ces femmes et ces hommes avaient vraiment du courage… Imaginez! Malgré l’usure de votre corps, vous voulez retrouver un peu les routes de votre jeunesse, exemptes de déchets. Vous voulez retrouvez un peu le printemps d’antan. Mais vous n’avez pas de pouvoir; et votre état ou votre province peine à entretenir ses chemins, faute de fonds… Au lieu de la nostalgie et de l’apitoiement, vous vous choisissez de vous retrousser les manches et vous faites renaître littéralement des bordures de routes… Un peu comme le fait Elzéard Bouffier, vous redonnez un sens à ce monde brisé, méprisé…

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